Slow rando

Carnets & notes

Hors de la vitesse, les imaginaires de la marche

Slow rando

 

Marcher est un voyage

 

Hors de la vitesse, les imaginaires de la marche sont d'abord enfouis en soi avant de se décliner sous les pas. Marcher est un voyage.

 

La page de ce carnet est simplement publiée sous forme d'une suite de randonnées et de textes, sans aucun rapport direct entre eux. Cette suite constitue néanmoins une unité avec à la fois l'itinéraire d'une randonnée planifiée, soit un but qui la distingue d'une promenade, et l'esprit d'une réflexion qui ouvre à la marche modérée.

 

Lenteur ?

 

Il ne s'agit pas forcément de "marche douce". La modération de la vitesse n'est pas la caractéristique principale principale de la "marche douce", mais c'est la conscience - ou l'état de conscience modifié - qui en est constitutive.

A quel rythme ?

 

A quelle vitesse avancer ? Le rythme de notre marche, seul ou en groupe, est la somme de nos impatiences et impuissances. Comment trouver un rythme de marche ? La différence de rythme entre les personnes met une touche d'absurde dans l'admirable projet de la marche. Il catalyse les contradictions enfouies.  Ralentir, accélérer, se reposer, repartir, quel que soit le mouvement, l'espace est une épreuve dont nous ne sortirons pas indemnes. Car il est aussi coûteux, aussi humiliant sans doute, pour le plus rapide d'avoir à freiner que pour le plus lent de devoir accélérer.

 

D'après Edith de la Héronnière - La ballade des pèlerins -
Mercure de France - pages 102-103

 

L'homme qui marche participe de tout son corps aux pulsations du monde, il touche les pierres ou la terre de la route, ses mains se portent sur les écorces ou trempent dans les ruisseaux, il se baigne dans les étangs ou les lacs, les odeurs le pénètrent, il sent l'épaisseur subtile de la forêt que recouvre l'obscurité, les effluves de la terre ou des arbres, il voit les étoiles et connaît la texture de la nuit, il dort sur le sol inégal. 


Il connaît la meurtrissure ou la sérénité de la route, le bonheur ou l'angoisse de la tombée de la nuit, les blessures dues aux chutes ou aux infections. la pluie mouille ses vêtements, trempe ses provisions, embourbe le sentier ; le froid ralentit sa progression, le force à la confection d'un feu pour se réchauffer, mobilise tous ses vêtements pour le couvrir ; la chaleur colle sa chemise sur sa peau ; la sueur coule sur ses yeux. Dormir au hasard de la route expose aux surprises de la nuit ou de l'aube, aux animaux de passage, à l'inconfort ou à l'émerveillement du réveil. 

Et toujours le sac pèse sur les épaules, même quand au fil du temps l'expérience contraint à se débarrasser du superflu, comme Stevenson abandonnant à regret sur les routes cévenoles une boîte vide destinée à recueillir le lait, le pain blanc précieusement gardé, une provision de gigot froid et un fouet à oeufs auquel il tenait particulièrement.

 

David Le Breton - Les marcheurs d'horizon

in La marche, la vie (coll.. Autrement n° 171) - pages 126-127

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